Prix de l’Association Bretonne Armand Maufras du Châtellier 2019
Pierre-Yves LE PRIOL
La foi de mes pères : Ce qui restera de la chrétienté bretonne
➔ Pour Robert Escarpit « Le rôle du livre est de donner aux choses une durée, une forme, une épaisseur ». Exercice réussi par celui de Pierre-Yves Le Priol, dont le préfacier Jean-Claude Guillebaud (Prix Albert Londres), écrivit « J’ai lu ce livre avec une émotion si forte qu’elle m’intimide encore ». La foi de mes pères est en effet l’un de ces livres rares qui porte au cœur par sa grâce, sa justesse et son authenticité. Dans une érudition jamais pesante et avec parfois cette pointe d’humour qui donne aux choses graves une légèreté, il explique la déchristianisation de la Bretagne.
➔ L’auteur : Originaire de Baud, dans le Morbihan, Pierre-Yves Le Priol fut élevé dans un milieu où l’on parlait encore Breton à cette époque pas si lointaine où le clergé s’impliquait activement dans la vie sociale. Son père Benjamin, agriculteur, et sa mère Eugénie, appartenaient à cette génération engagée très tôt dans l’action catholique. Il étudia au petit séminaire de Sainte-Anne d’Auray, avant de poursuivre ses études à l’École supérieure de journalisme de Lille et d’effectuer sa carrière au quotidien La Croix dont il fut le secrétaire général. Engagé aux Semaines sociales de France et à l’Amitié Charles Péguy, il publia en 2016 En route vers Chartres, dans les pas de Péguy. Marcher est pour lui une façon de « prier avec les pieds », arpenteur du Tro Breiz et des lieux multiples évoqués dans son livre.
➔ Clés de lecture : Deux termes sont ici consubstantiels Feiz ha Breizh (La foi et la Bretagne). En Bretagne, les symboles de pierre omniprésents des églises et des chapelles, comme ceux immatériels des noms de lieux et des expressions bretonnes, s’imposent en permanence. Ils conduisent à réfléchir à ce que fut ce lieu de chrétienté. Réduire l’ouvrage au seul registre religieux serait le restreindre tant l’ouvrage est ample dans son propos, précis dans son investigation. Il est surtout l’évocation « quasi amoureuse » d’une bretagne séculaire qui ne cède pas à la nostalgie. L’auteur évoque en effet les pistes d’espérance de ce qui est en train d’advenir.
➔ Courant de pensée : L’ouvrage de Pierre-Yves Le Priol s’inscrit dans le courant de questionnement sur le catholicisme dont Yves Lambert évoquait les prémices dès 1985 dans Dieu change en Bretagne et dont témoignent les récents ouvrages de Jérôme Fourquet L’archipel français et de Yann Raison du Cleuziou, Une contre-révolution catholique.
➔ Conclusion : Toutes ces raisons valent à Pierre-Yves Le Priol d’obtenir le Prix de l’Association Bretonne Armand Mauffras du Châtellier dont la vocation est de distinguer un ouvrage de réflexion concernant la Bretagne.