Introduction de Jean Waton, organisateur du congrès.
Le Congrès de Quimper-Douarnenez de 1990 avait été ouvert sur une citation de Jean de La Fontaine, citation extraite de la fable « le charretier embourbé ». Ce texte polémique montre bien que notre fabuliste ignorait tout de la Bretagne et encore plus de notre ville et de ses habitants. Pourtant, originaire de Château-Thierry, celui-ci aurait dû être un fin connaisseur en « modestes bourgades » !!
Pour notre part, nous préférons procéder à l’ouverture du Congrès de Quimper 2021 par une citation extraite de ce « concerto pour 2 écrivains », fuyant les embarras de la capitale : Gustave Flaubert et Maxime du Camp.
En 1847 en effet, ces 2 amis, le talent attirant le talent, partent à l’aventure pendant 2 mois, à la découverte de l’Ouest. De ce vagabondage est accouchée une belle œuvre littéraire dont les chapitres ont été écrits alternativement par Flaubert pour les numéros impairs et Maxime du Camp pour les numéros pairs. Nos cheminots dorment souvent à la belle étoile, visitant églises, manoirs, enclos, s’extasiant sur les couleurs, les paysages, les traditions, la langue : voilà ce qui peut s’apparenter à une totale imprégnation.
Or donc, se trouve sur leur chemin, non pas Quimper mais Quimperlé, également ville de confluent et porte de notre chère Cornouaille. La découverte de l’Abbatiale de Ste Croix, est une révélation, provoquée moins par la splendeur des lieux que par la densité, le poids, les attitudes des fidèles. Voici ce qu’en rapporte Flaubert à la suite d’une Messe à Ste Croix, dans son œuvre intitulée « par les champs et par les grèves »
« Ils étaient beaux ces hommes, beaux parce qu’ils étaient vrais, avec leurs costumes d’autrefois, leurs antiques visages et cette religion de leurs ancêtres ils montraient ainsi les générations antérieures et semblaient à eux seuls représenter toute leur race, c’est pour cela, peut-être qu’ils avaient l’air si pleins, et que chacun paraissait porter en lui plus de choses qu’il n’y a ordinairement dans un homme ».
Après cette admirable louange au peuple cornouaillais et avec beaucoup moins de talent, je livre à votre attention le fil directeur de notre congrès.
Quimper, ville d’art et d’histoire, peut-on lire sur les panneaux annonçant l’entrée de notre ville. On aurait pu ajouter capitale administrative, économique, universitaire et matrice d’aventuriers.
A la seule exception de notre déplacement à Loctudy, pour notre cocktail à Kervéréguen, nous allons donc rester à Quimper où il y a tant de choses à faire, à voir ou à dire. Nous allons, cependant, être des voyageurs immobiles grâce à nos conférenciers, aventuriers modernes, finistériens pour la plupart, illustrant ce paradoxe : Le breton est tellement attaché à sa glaise natale qu’il s’empresse, chevalier de fortune ou d’infortune, d’y revenir après avoir parcouru le monde.
C’est ainsi que Serge Duigou va nous conduire aux Indes avec Madec, le nabab, aux terres australes avec Kerguelen, en Australie avec Saint-Alouarn.
Qu’avec Jean Le Viol et Jean-Pierre Portier nous piloterons sur les routes de la soie, jusqu’en Chine en compagnie de l’école ISUGA-EMBA. L’évocation de cette Ecole ayant vocation à former des cadres aptes au négoce avec l’Extrême-Orient me permet de rappeler que Quimper est une cité universitaire proposant plus de 50 formations aux 5.000 étudiants accueillis dans plus de 20 établissements.
Dans un autre registre, nous allons devenir Entrepreneurs avec Jean-Pierre Le Goff, patron, entre autres des faïenceries Henriot. Avec Jean-Jacques Goasdoué et Serge Capitaine, développeurs de la STEF et porteurs de nombreux projets pour la Cornouaille. Deviendrons-nous artistes avec le brodeur-styliste, Pascal Jaouen ? avec nos 3 Musées ? Beaux-Arts, Départemental et de la faïence. Nous allons également voyager dans l’histoire médiévale de Quimper sur un texte de Patrick Kernevez.
Plus près de nous dans l’histoire, sera évoqué l’Amiral Ronac’h et le rôle déterminant de sa modeste brigade de fusiliers marins bretons dans la course à la mer en 1914. A la même époque, nous allons découvrir avec Hervé Beaugé-Bérubé le rôle de nos marins bretons venus au secours des Arméniens en 1915. Une transition poétique va nous conduire ver s Max Jacob en 1916 et, Patricia Sustrac évoquera pour nous la vie et l’œuvre de ce poète, écrivain, peintre, sculpteur et martyr.
Cité épiscopale, l’Abbé Queinnec, Chancelier de l’Evêché, nous retracera l’histoire de quelques Saints et Bienheureux de Bretagne et, dimanche, à la cathédrale, Claude Caill, Curé de la cathédrale et associé, célèbrera la Messe mise en musique par Olivier Struillou. Notons que les grandes orgues de St. Corentin ont été installées au 17ème siècle par Robert Dallam et totalement restaurées au 19ème siècle par le non moins célèbre Cavaillé-Coll.
En notre époque d’incertitude, de centralisation jacobine à outrance, nous soulignerons le soutien que peuvent apporter à la nation française « les territoires bretons » pour reprendre ce terme si galvaudé. L’esprit frondeur chez nous n’est, semble-t- il plus révolutionnaire ; rappelons – nous, en effet, les tentations de luttes politiques et clandestines des années 1970/80. Cet esprit frondeur évoluerait, sous l’influence de nos élites vers une demande de reconnaissance de nos particularismes.
De politique, la lutte bretonne devient – elle économique et identitaire ? Jean Bothorel, notre associé, médiateur d’un jour, pilotera un débat sur ce sujet.
Enfin, cette ouverture ne serait pas complète sans saluer et remercier la Mairie et la Région pour leur soutien, les Musées et conférenciers, les associés influents (Citons Jean-Michel et Hélène Tanguy-Carré, Henri et Isabelle Le Bal, Jean-Claude Hermet), ainsi que les bénévoles grâce à qui ces 3 jours sont rendus possibles.