Belle-Isle-en-Terre et environs, dans le contexte de Lady Mond
Marie-Louise Le Manac’h est née en 1869 au moulin de Prat-Guégan, à Belle-Isle-en-Terre, dans le Trégor intérieur.
Seule fille d’une famille de meuniers, elle saura développer des qualités hors norme avec un sens profond du patrimoine et des relations humaines. Après des études appliquées à l’école des filles, elle a l’occasion d’assister à Paris aux obsèques de Victor Hugo, où elle découvre un monde de riches personnes menant une vie facile où l’argent est partout présent. Belle jeune femme, intelligente et dotée d’une forte personnalité, elle va fréquenter Paris, puis Londres où elle rencontre Antoine de Bourbon, infant d’Espagne : elle mène avec lui une vie de fastes et de plaisirs, entre Paris, Londres et Madrid pendant plusieurs années… En 1905, après la rupture de leur liaison, elle vit quelque temps à Paris, puis retourne à Londres, où elle aime vivre, ayant appris l’anglais à la perfection. En 1910, elle fait la connaissance de Robert Mond, le richissime roi du nickel, qui finira par l’épouser en 1922. Elle reviendra souvent à Belle-Isle, où elle a fait construire le Pavillon Mond. Elle voyage beaucoup, partageant son temps entre Paris, Londres, Dinard où son mari achète en 1926 un château renommé Castel Mond, qui sera leur résidence préférée ; autre destination de voyage, l’égypte où son mari finance des recherches archéologiques. En 1929, Robert Mond lui offre le château de Coat-an-Noz à Belle-Isle ; et en 1932, ils seront tous deux anoblis par George V.
Devenue Lady Mond, Maï Manac’h va faire oeuvre d’un mécénat unique en son genre en Bretagne : le pavillon Mond deviendra la mairie, occcupé par son jeune frère devenu maire ; alors qu’elle séjourne à Coat-an-Noz, elle fait construire à côté de la mairie une réplique réduite du château, qui sera nommée elle aussi Castel Mond, et équipée d’une mini-centrale électrique sur le Léguer.
Pour sa commune, elle fait aussi construire une poste, une gendarmerie… Après le décès de son mari, elle réside à Coat-an-Noz, jusqu’à la guerre où ses belles propriétés de Bretagne sont occupées par les Allemands. À sa mort en 1949, elle sera enterrée dans le mausolée à crypte égyptienne qu’elle a fait construire dans le cimetière de Locmaria pour elle et son mari.
C’est donc autour de cette vie étonnante que s’est déroulée la journée de pays du 20 mai, où après un rapide accueil par le maire, nous avons visité le Castel Mond, devenu école, puis aujourd’hui Centre Régional d’Initiation à la Rivière. Après avoir escaladé le piton rocheux du centre du bourg d’où l’on domine tous les environs, nous avons l’église, reconstruite vers la fin du XIXᵉ siècle.
Nous allons ensuite à la chapelle de Locmaria, ancienne église de Belle-Isle, entourée d’un cimetière où l’accès au mausolée nous est autorisé, mais pas à la crypte où Lady Mond repose dans un tombeau en marbre de Carare. Le mausolée comprend de belles statues des défunts, et de superbes petits vitraux représentant la Vierge Marie et différents saints.
Après le repas au Relais de l’Argoat, nous avons visité le site de l’ancienne papeterie Vallée, qui a employé jusqu’à 250 personnes avant 1965, année de sa fermeture. Emma Prunaux, ancienne ouvrière de la papeterie, nous a fait parcourir le site en nous expliquant les différentes activités dans les bâtiments : tri, déchiquetage, macération des chiffons, fabrication des rouleaux de papier, etc.
Nous sommes allés ensuite à Plougonver à la biscuiterie Menou, où la reconstitution d’un petit bourg d’autrefois est riche de souvenirs.
En revenant à Belle-Isle, un arrêt au château de Coat-an-Noz, que nous avons pu visiter grâce à l’amabilité de Bernard Moreau, le propriétaire actuel, qui met ses talents en techniques du bâtiment au service de la restauration de ce très grand bâtiment.